jeudi 17 avril 2008

Bleu diamant

J'avais plein de petites blagues mégalos à placer, une belle vue de mon paysage mental décortiqué à vous montrer, mes projets à exposer, bref : j'allais poster quand tout à coup Blogger a fait exploser mon ordi -que nous nommerons désormais Ground Zero, voilà.
Alors j'ai décidé que mon venin, ma colère et mon ennui attendraient encore un peu avant que je ne les sublime sous forme de post (huhu). Cependant j'ai une âme de guerrier, genre Indien, aussi je prends d'assaut cette page de malheur avec un copier coller sauvage : sur ce bonne lecture, bonne nuit, bon week end et peut-être qu'un jour nous nous reverrons...et nous parlerons.

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Une étoile. Ah, une autre…Le désespoir a un nom, l’absence d’étoile ; c’est aussi le froid, les doigts à la limite du gel. Ana lève à nouveau la tête, en quête d’un astre oublié ; non, non, il n’y en a toujours que deux.

Dans un faible soupir, elle exhale la fumée du coin de la bouche et expédie la cigarette en contrebas ; elle ramène ses genoux contre sa poitrine, souffle un peu dans ses mains. Puis elle promène lentement son regard vitreux sur la baie, elle ne prête pas vraiment attention à la vue qui s’offre à elle, pourtant d’une beauté surprenante.

Ana cherche des étoiles dans un ciel d’orage, alors que la ville étincelle de tous ses feux ; ces lumières que de nombreux visiteurs contemplent jour après jour du haut de cette colline.

Mais l’heure des visites est terminée depuis longtemps : dès vingt heures, les grilles se ferment aux touristes et les occupants nocturnes de la colline du Château guettent l’inattention des gardes pour se déployer et reprendre possession des lieux jusqu’au matin. Ana déteste être forcée de passer la nuit au bord de la falaise, sachant qu’on pourrait littéralement lui tomber dessus, et alors les choses tourneraient mal pour tout le monde ; elle regrette toujours d’être défoncée dans de tels moments, mais la vie n’est jamais que regrets.

La flamme de son briquet jaillit, puis elle perçoit le rougeoiement de la cigarette incandescente. Elle aspire. La lueur est intense, il y a une auréole de petites paillettes orangées.

Ma vie est une succession de rouges.






Elle expire. Besoin de se recadrer. Son reflet cesse presque d’être flou, et elle aperçoit bien ses yeux dans le visage qu’elle contemple. L’arête du nez, la courbure inexistante des lèvres, trop fines, trop pâles.

Elle baisse les paupières et le monde bascule en avant dans le lavabo, elle va vomir car son estomac remonte à présent dans sa gorge, parce qu’il arrive dans sa bouche. Son dernier repas si lointain soit-il viole ses lèvres serrées et elle parvient à penser que dans ces cas là il arrive que quelque chose se rompe et qu’elle peut en crever de vomir si fort. Pleurant, crachant sang et salive, elle ne respire plus ; ses mains dérapent sur le rebord en marbre souillé, elle ne parvient pas à se redresser. Elle voudrait prendre une serviette et se sortir de là, surtout se sortir de là mais c’est impossible. Ce sont ses jambes qui se dérobent et elle tombe, son dos heurte le porte-serviette et sa tête la baignoire, elle perd contact. Perd contact.

Effondrée, tas de chiffons dans le coin gauche de la pièce, sale et livide, vêtements déchirés; adieu monde cruel, je meurs dans le sang et la gerbe comme il se doit, il n’y a de mort glorieuse qu’overdosée, ivre et délirante. De l’ivresse et du délire. De l’ivresse. Et du délire.


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