mardi 8 mars 2005


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Pour vous proposer une version épurée de ce qu'on peut appeler une Ethique,tachant vaguement de définir la vie, tache à laquelle s'est souvent attelé le comité blogosphérique, et énoncant la morale selon Saint Moi. Peu lirons jusqu'au bout, peu me chaut en vérité, mais j'avais promi ça depuis longtemps.


Pour commencer, définissons l'existence: L'existence n'est rien, elle est un vide infini dans lequel l'homme se meut et dont il fera ce qu'il désirera, qu'il modèlera à l'aune de sa volonté, dans la limite des possibilités disponibles. Je ne suis pas d'accord avec l'existentialisme dans le sens où l'homme est déterminé par son milieu, ainsi que par son hérédité, comme l'assertait Zola. Cette volonté sera donc entachée de ce déterminisme, profondémment marquée.
Ceci est une éthique de vie, je chercherais donc à trouver à ce vide un sens, le meilleur sens possible. Vivre sans sens est impensable. Vivre dans un sens superficiel est criminel. La notion de gout revêt une importance fondamentale. L'existence est à mon sens, un drame, dans le sens purement littéraire du terme, drama ou action théatrale, et l'homme évolue dans le monde et dans la société comme il le ferait sur une scène, dans un décor plus ou moins changeant,mais relativement fixe, dans sa composition et dans son évolution. La distribution est aléatoire, mauvaise aux avis des déshérités, excellente à celui des nantis. Si l'on envisageait l'hypothese d'un Dieu, et d'une destinée, alors l'intrigue de notre drame serait préetablie par un auteur-metteur en scène supérieur, et nous ne pourrions plus que l'interpréter avec le plus de brio possible. Mais je rejette cette hypothese pour revenir a ma première assertion:
Dans ce cas de figure, l'homme est libre de donner le sens qu'il voudra à son existence, d'interpréter selon sa volonté son role, de l'organiser, dans le grand drame de l'existence, dans un subtile jeu d'influence entre les roles des autres personnages et le sien. Les déterminismes ont la meme valeur que les comportements typés des personnages stylisés de la commedia dell'arte. Ils influeront le cours de la vie du personnage, mais pourtant ne l'emprisonneront pas fans une destinée prétracée.
Il est a la fois auteur, acteur et spectateur, en cela qu'il est spectateur de la pièce des Autres, mais qu'il se fait aussi spectateur de la sienne -sans pour autant avoir le recul d'une pensée objective, vierge-, ce qui lui permet de se créer.
De là ressort l'importance de la notion de paraitre. L'homme n'est que dans la mesure ou il parait, "la vie d'un homme c'est son image", ainsi que le disait Wilde. La sottise consiste à dire qu' "Il ne faut pas vivre selon le regard des autres". Il faut au contraire l'utiliser comme étalon, comme miroir également, à l'eau bien moins trouble que celui de l'introspection.
Mais tout ceci n'est que généralité. L'exemple du drame me paraît le plus approprié, d'autres auront choisi la partition musicale, un juego de azar, etc..

Existe-t-il un jeu meilleur que les autres? Je ne sais pas. Ce qu'il me semble c'est que le caractère exceptionnel d'une existence est relatif à la quantité de fiction, de superbe qu'un individu aura su introduire dans sa courte vie. Pas question de Bien, de Mal à ce stade là, mais bien d'esthétique.
Or n'importe quel esprit un tant soi peu au courant, considerera toujours que jouer bien, ce ne sera pas se rapprocher, imiter au plus près le réel, mais transcender ce réel, lui donner un caractère supérieur et inimitable. Beaucoup de gens ne se contentent que d'exister, il jouent de maniere fadasse et sans conviction, se contentent de thèmes communs, de clichés. Vivre, c'est exister avec art, jouer avec ame, feu et surtout distinction, originalité. C'est extremement rare, et c'est déplorable.
Surpasser ce réel, c'est supplanter le naturel, et cultiver l'artificiel. L'art n'est pas imitation, la mimesis est méprisable.

L'Art est primordial, c'est le souffle distinctif de l'homme, trop souvent trop peu exploité, l'étincelle divine, qui délivre des bourbiers de la connerie, dans le sens où Il est transcendance, puisqu'il est recherche du Beau, idéal insaisissable. L'homme doit vivre dans la transcendance, toujours hors de lui-même, dans la recherche d'un Idéal, même si celui-ci s'avère, -et de toute les manières, sera- toujours impossible à atteindre, sous peine de stagner dans l'imbécilité et la médiocrité satisfaite. C'est parce que cela est trop rare, que le Monde est dans un tel état, parce que la Nature règne encore sur cette basse-cour, les peuples préfèrent leur crasse ignorance, leur stupidité.
*Le kitsch néo-hippy m'objectera qu'il n'est rien de mieux que le naturel. Considérez bien les Hommes, leur charmant naturel, paisible, affectueux, philanthropique et repassez ensuite :-)*
La Nature, j'entends l'Etat de Nature, ne doit jamais avoir de répit. On doit lui opposer en permanence tout agent civilisateur potentiel, quel qu'il soit. Et l'Art est l'agent civilisateur Majeur (que le mot de civilisation ne trompe pas les Grands Accusateurs Censeurs, je ne parle pas là de civilisation blanche occidentale supérieure, ni d'une autre d'ailleurs.)
Tout ceci, recherche compulsive de l'originalité, du sublime, amour immodéré d'un idéal, trouve pour matérialisation la plus exemplaire le Dandysme, courant éphémère du XIXème siècle. Je me permets de penser que le dandy, dans un sens absolu, est "l'honnête homme", universel, atemporel.
Il professe l'aspiration à chaque instant au sublime, il vit et dort devant un miroir. Il se fait son propre personnage, et joue à la face du monde son rôle plein de superbe. Il mène un combat constant contre la vulgarité, le trivial, dans une recherche sans répit de la distinction, ce qui se traduit par exemple dans sa façon de s'habiller(ceci étant une bien moindre manifestation, quoique ce soit celle que retient la doxa). Ces qualités primordiales sont trop souvent confondues avec l'orgueil hautain, la superficialité. Le XXIème siècle considère ainsi comme le 8ème péché capital le fait de vivre d'après "le regard des autres" et le kitsch ambiant prône avec vigueur de "ne pas se prendre la tête", "de se décoincer le cul", et fait l'éloge de la simplicité, sans se douter par là qu'il conduit la race humaine à la mort la plus certaine je veux dire par-là sa non-évolution.
Car enfin c'est par la culture que l'humain a accompli sa notable avancée jusque maintenant, c'est par le raffinement que l'homme savant poursuivra sa course vers la perfection, sans que jamais sa soif ne soit étanchée, car la satiété conduit à la stagnation, et enfin à la régression. Ceci peut etre pris pour de l'orgueil, sachez que l'orgueil est absolument vital. Il ne doit surtout pas etre confondu avec la fatuité, qui est sa manifestation la plus basse, et somme toute la plus courante, universelle même. La modestie de mise est un vice déguisé en qualité, puisqu'elle n'est en réalité ni plus ni moins que de l'hypocrisie: "à les écouter les modestes n'auraient aucune qualités, excepté celles que d'aventure on leur dénierait." (Mr de Mouas-Mesmes)
La moindre des qualité du dandy n'est pas non plus son stoïcisme implacable, mêlant insensibilité froide et cynisme désillus. C'est non négligeable dans le sens où le kitsch, ou dictature de la sensibilité ostentatoire et des lieux communs, est une prison, un carcan pour l'esprit, qui se confine dans une étroite idée de Bien prétracée, et justifie des actions objectivement connes et pathétiques, par des raisons lyriques et spongieuses. Le cynisme est capital qui traque ce kitsch, par sa nature même il suppose un recul avantageux, dans la mesure où il est perpétuelle remise en cause, véritable antichambre de la vérité.

Enfin arrêtons donc cette éloge. La chose la plus importante, reste d'inlassablement se juger, se jauger, tout remettre en cause (dans un but, les enfants, attention pas de fixisme) à commencer par soi-même, mais n'omettez pas les autres, ça leur fera le plus grand bien et puis ça distrait follement. Egalement de ne jamais regarder le passé que pour s'en servir. Enfin, tout est stratégie, calcul dans ce bas monde, rapellez vous le bien et "traitez ce monde comme il mérite de l'être", sans jamais oublier que "plus froidement vous calculerez, plus avant loin vous irez".

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